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Critique : Tout peut changer, un film de Tom Donahue

  • Documentaire sur le sexisme à Hollywood
  • Statistiques démontrant la sous-représentation des femmes dans l'industrie du cinéma américain
  • Lutte pour l'égalité des sexes et les actions entreprises pour un changement progressif

Sortie nationale le 19 février 2020.

Critique : Tout peut changer, un film de Tom Donahue

Le cinéma américain est-il sexiste?

Meryl Streep, Cate Blanchett, Natalie Portman, Reese Witherspoon, Sandra Oh, Jessica Chastain, Chloë Grace Moretz, Shonda Rhimes, Geena Davis, des femmes au talent reconnu se succèdent dans le documentaire de Tom Donahue, on les imagine puissantes à Hollywood,
Chacune va nous démontrer le contraire au fil d'anecdotes et de témoignages accablants qui vont du harcèlement, aux abus de pouvoir, aux humiliations et aux mises à l’écart professionnelles qu’elles ont toutes subis,  dans un univers dominé par un pouvoir exclusivement masculin, sexiste …oui  !

Critique : Tout peut changer, un film de Tom Donahue #2

Les statistiques sont éloquentes et le constat rédhibitoire sur la faible représentation des femmes dans tous les secteurs de l’industrie du cinéma américain :

  • Depuis 1946, la proportion des personnages de femmes et d’hommes dans les films est restée la même
  • A rôle égal, les femmes sont moins bien payées que les hommes
  • Dans les programmes pour enfants, de 1990 à 2005, seuls 28% des personnages étaient des femmes et 4 narrateurs sur 5 étaient des hommes
  • Kathryn Bigelow est la 1ère femme à recevoir en 2010, enfin, l’Oscar de la meilleure réalisatrice, pour Démineurs… un film de guerre
  • En 2018, sur 250 premiers longs métrages, 8% seulement ont été réalisés par des femmes
  • Les directeurs de casting sont les seuls à ne pas être représentés aux Oscars : cette profession est majoritairement exercée par des femmes  !
  • Etc…

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C’est à l’Institute on Gender in Media, dont on découvre le travail colossal, fondé en 2004 par une Geena Davis, épanouie, déterminée dans sa mission, que nous devons ces chiffres et la mise en évidence de ces discriminations choquantes. Depuis 16 ans l’Institut étudie les rapports entre les hommes et les femmes dans les médias avec la volonté de lutter contre les inégalités, les stéréotypes sexistes bien installés et la volonté d’éduquer toutes les générations, particulièrement les plus jeunes, surexposés aux images.
L’affaire Weinstein, évoquée à la fin du film, suivie part la libération de la parole aux Etats-Unis et dans le monde, donne plus de crédit encore à l’action de l’Institute on Gender in Media qui s’inscrit dans un mouvement de société salutaire.

Une loi et un test pour faire changer les mentalités

Le film évoque des affaires engagées par des femmes discriminées à Hollywood, sur la base de larticle VII du Civil Rights Act de 1964 de la législation américaine, qui interdit la discrimination à l’emploi reposant sur la race, la couleur de peau, la religion, le sexe ou l'origine nationale. Après bien des déboires, ces femmes ont obtenu gain de cause, tout n’est donc pas perdu.

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On y apprend aussi l’existence du test de Bechdel-Wallace qui démontre le sexisme dans tous les corps de métiers du cinéma et la sur-représentation masculine dans les oeuvres de fiction. Ainsi, certaines salles de cinéma en Suède qui revendiquent la parité  hommes/femmes, établissent  leur programmation à partir des résultats de ce test.

Une prise de position qui fait des adeptes, puisque en 2019, donc après la sortie au documentaire de Tom Donahue, "La charte 5050x2020" signée par Dieter Kosslick, le directeur de la Berlinale "s’engage à améliorer la parité au sein de sa direction et de ses comités de sélection à l’horizon 2020 et à publier les statistiques de parité des distributions des films soumis et sélectionnés" . (Source CNC).

Un réalisateur engagé

"Tout peut changer" est un film didactique, le propos est très clairement exposé, d’une façon insistante mais jamais pesante. Les actrices, les réalisatrices, les scénaristes interviennent sans agressivité ni esprit revanchard, elles sont belles, pondérées, intelligentes, aussi lucides que déterminées. On perçoit leur volonté de changer un système qui fonctionne de la même façon depuis presque un siècle et dont les dirigeants ne veulent rien abandonner de leurs prérogatives : la résistance est rude, aucun studio n’a d'ailleurs souhaité s'exprimer dans le documentaire dont les hommes sont absents, du moins à l'image.
Mais, c’est un homme, Tom Donahue qui a travaillé plusieurs années à ce film féministe  !

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En réalisant en 2012 "Casting by", son premier long métrage documentaire sur l’art du casting, il  découvre le sexisme qui sévit dans l’industrie cinématographique hollywoodienne et dès 2015 il entreprend un périple qui aboutit à "Tout peut changer". Au bout d’un an de tournage, sa rencontre avec Geena Davis et son équipe sera décisive dans son approche des inégalités entre hommes et femmes. Un peu plus tard, la vague féministe qui secoue le pays confortera sa démarche.

Si le titre du documentaire est explicite, " Tout peut changer", son sous-titre, "et si les femmes comptaient à Hollywood", est une porte ouverte sur un avenir optimiste que Tom Donahue, place au cœur de son propos, même si le chemin risque d'être long. Critique : Tout peut changer, un film de Tom Donahue #6

Bande annonce

Photos autorisées par la production.