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Critique furie, film d'olivier abbou (2019)

  • Stupeur : Une famille se retrouve bloquée hors de sa maison par des squatteurs.
  • Egarements identitaires : Le père, confronté à l'absurdité du système, perd ses repères et sombre dans la violence.
  • Une mise en scène sous tension : Réalisation intense d'Olivier Abbou, avec des acteurs nuancés et une musique subtile.

Critique furie, film d'olivier abbou (2019)

Stupeur

Images de détente, de bonheur, musique douce, images floutées, un camping-car, danse sur la plage, une petite famille en vacances, le père, la mère, leur petit garçon, tout commence paisiblement.
Le retour à la maison, sous une pluie glaçante, est brutal : impossible à la famille Diallo de rentrer chez elle. Paul et Chloé ont prêté leur maison à la baby-sitter de leur fils et à son compagnon, qui ne répondent pas au téléphone, qui ont changé les serrures, qui squattent sans vergogne et leur interdisent l’entrée de chez eux.
Basé sur de faits réels, le film bascule dans le drame d’une situation absurde et effrayante … et le spectateur qui attend la suite, est lui aussi piégé  !

Critique furie, film d'olivier abbou (2019) #2

Egarements identitaires

Paul pense bien sûr récupérer rapidement son bien, mais contre toute attente, il se heurte à un mur : les services sociaux, qui le traitent comme un immigré, son avocate inefficace, les juges indifférents, tous sont incapables de le défendre contre des intrus indélogeables. La loi est aveugle, les victimes sont déboutées sans ménagements.
Commence alors pour Paul un calvaire kafkaïen, tous ses repères s’effondrent les uns après les autres. Incrédule, impuissant, angoissé, le paisible professeur de philosophie s’enfonce dans une crise identitaire, il ne sait plus qui il est. Etranger socialement, étranger à lui-même, il s’emporte avec ses élèves, son couple de défait, il s’installe dans une résignation dérangeante face à une situation sans issue.
Fragilisé, perdu, il est une proie idéale pour Mickey, le gardien inquiétant du camping où la famille sans logis a trouvé asile, qui va l’entraîner dans une descente aux enfers inexorable, à la découverte de la violence enfouie qu'il porte en lui.

Critique furie, film d'olivier abbou (2019) #3

Une mise en scène sous tension

Olivier Abbou, dont on a déjà apprécié "Territoires", un thriller plusieurs fois récompensé et la mini-série angoissante "Maroni, les fantômes du fleuve", diffusé sur Arte, signe ici encore une belle réalisation pour les amateurs de sensations fortes. La montée en puissance de la tension et de l’angoisse, jusqu’aux séquences finales, ultra violentes, apocalyptiques, sont parfaitement dosées, servies par des acteurs tout en nuances. Adama Niane exprime avec finesse la palette des sentiments contradictoires de Paul, on souffre avec lui, en même temps qu'il nous agace, Stéphane Caillard campe une Chloé belle et ambigüe, quant à Paul Hamy, il incarne un Mickey sulfureux, violent, prêt au pire, une belle performance. N’oublions pas le comparse déjanté, l’effrayant Frank, interprété par Eddy Leduc.

La musique de Clément Tery, jamais envahissante, lancinante ou jaillissante, souligne l’image, l’exalte sans l’écraser.

Critique furie, film d'olivier abbou (2019) #4

Furie, un film à voir ? Sans aucun doute, même si les toutes dernières images, sur l’intimité du couple régénéré par l'épreuve, sont un peu convenues. Mais peu importe Furie est un bon thriller et le spectateur est littéralement capté de bout en bout par cette incroyable histoire.

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Photos autorisées par la production.

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Agnès Krief

Passionnée de cinéma, curieuse de tout.