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Critique : wind river (2017) de taylor sheridan

  • Scénario inspiré de faits réels
  • Personnages attachants interprétés par des acteurs crédibles
  • Mise en scène tonique et efficace avec une atmosphère de thriller hivernal

Scénariste de Sicario et de Comencheria, plusieurs fois nommés aux Oscars, Taylor Sheridan, réalise et signe aussi le scénario de Wind River, couronné par le Prix de la mise en scène dans la catégorie "Un certain regard" au Festival de Cannes 2017 !
C’est le dernier volet de la trilogie sur le thème des frontières et de l’échec sociopolitique flagrant de l’Amérique dans ces no man’s lands en proie aux conflits et à la violence : ici, meurtres dans une réserve amérindienne abandonnée du Wyoming, trafics de drogue sordides entre les Etats-Unis et le Mexique dans Sicario, choc entre la cupidité dévastatrice des banques et la misère des paysans, à l’ouest du Texas, dans Comencheria.

Critique : wind river (2017) de taylor sheridan

Une histoire inspirée de faits réels

Dès les premières images, on est happé par l’histoire : il fait nuit, une jeune fille essoufflée court pieds nus dans la neige, avant de s’écrouler inanimée. C’est Cory Lambert (Jeremy Renner), chasseur-pisteur dans la réserve indienne de Wind River, qui la découvre le lendemain, il la reconnaît, c’est Natalie (Kesley Asbille), la fille d’un ami, elle a été sauvagement battue et violée.
Le FBI envoie pour élucider l’affaire, une jeune recrue inexpérimentée, Jane Banner (Elisabeth Olsen). La citadine, mal à l’aise dans cette contrée glacée et inhospitalière, demande à Cory, qui connaît bien la réserve et les autochtones, de l’aider.

Les personnages

Des acteurs crédibles, des dialogues rares, dessinent des personnages attachants. Jeremy Renner donne vie à Cory Lambert, chasseur solitaire et déterminé, abîmé par un passé douloureux qu’il ne parvient pas à exorciser. Il traque ses proies, tout de blanc vêtu, il les élimine d’un seul coup de fusil précis. Elisabeth Olsen emmène quant à elle Jane Banner, avec force et fragilité en même temps, dans un voyage initiatique chaotique et  brutal.

Critique : wind river (2017) de taylor sheridan #2

Matt le shérif (Jon Bernthal) et Martin le père de la victime (Gil Birmingham, qui campait un autre indien dans Comencheria) tout aussi taiseux que Cory, sont émouvants. Déconnectés de leur culture qu’on ne leur a pas ou mal transmise, ils tentent désespérément de sauver la génération qui les suit de l’ennui, de la drogue, de l’alcool et de la violence.
Si le réalisateur est en empathie avec les indiens à qui il rend hommage, il ne l’est pas du tout avec les ouvriers américains de la plate-forme pétrolière, symbole d’un "american-dream" incongru.
Autre "personnage" de cette histoire, la nature, sauvage, superbe, si dangereuse qu’on peut mourir d’y respirer trop fort ! Le paradoxe est tangible, dans ces paysages immenses et somptueux, chacun lutte à mort pour sa survie, les animaux comme les hommes.

Une mise en scène tonique et efficace

Critique : wind river (2017) de taylor sheridan #3

Taylor Sheridan insuffle à son film un rythme, dans une succession de temps qui s’opposent : à l’affût du loup ou du puma, le chasseur s’immobilise, avance à pas feutrés sur les traces qui impriment le sol ouaté, le temps s’étire, se fige dans un silence glacial et lourd, il s’emballe ensuite, sur d’autres traces, jusqu’au vertige, dans le vrombissement assourdissant de la motoneige qui déchire l’espace et le mystère. Le montage alerte, ponctué de flash-back, les traques parallèles bien construites, une fusillade et un épilogue dignes du meilleur western, la superbe photo de Ben Richardson, la musique lancinante et oppressante de Nick Cave et de Warren Ellis, tissent une atmosphère de thriller hivernal envoûtant qui justifie pleinement le choix du jury cannois  !

La bande annonce

Photos : VVS Films

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Agnès Krief

Passionnée de cinéma, curieuse de tout.