L’économie collaborative a le vent en poupe. Nous avons souhaité tester le concept de travail collaboratif dans le domaine de l’écriture littéraire. Le projet #Vousnousuneseulehistoire a été lancé le 26 février 2015 pour le Salon du Livre de Paris de la même année. Un seul objectif : Déceler certains ingrédients pour faire de l’écriture collaborative un succès. Nous avons voulu évaluer la possibilité d’écrire un livre à plusieurs, en partant de 0.
Le lancement du projet s’est déroulé ainsi :
- Appel à candidature. Une phrase a été présentée pour lancer l’histoire
- Recherche d’auteurs, de correcteurs, traducteurs et graphistes
- Travail collaboratif grâce à l’outil d’écriture pour créer un roman
- En cas d’édition, tous les participants feraient partie intégrante de l’œuvre
Le projet a été clos le 25 Avril 2016
Avant tout, nous avons qualifié cette expérience de projet et non de concours par choix puisque le but n’était pas plus de recevoir un prix ou se faire un nom qu’évaluer les fondements de l’écriture collaborative. Il est évident que la conclusion souhaitée était d’éditer l’œuvre afin de mettre en valeur le travail réalisé.
Le premier enseignement de l’aventure est dans la conception de l’équipe. Comme dans tout projet personnel, industriel ou autre, la constitution du groupe est essentielle. Beaucoup de start-ups ont dû déposer le bilan à cause de tensions internes d’associés. De nombreuses équipes de football ont perdu aussi bien matchs et championnats faute de bonne entente au sein du groupe. Une flopée projets d’entreprise a finalement été abandonnée du fait de visions différentes au sein de l’équipe. Pour écrire un roman à plusieurs, le piège est similaire. Il est nécessaire de prendre le temps de constituer le groupe. Dans le cadre du projet, nous sommes partis de 0. Aucun participant ne se connaissait. En soi, cela ne présage pas un échec du projet. Mais, bien que l’organisation du projet ait donné comme condition la participation active, il s’est avéré que les profils étaient bien différents. Après relances, pendant un peu plus d’un mois, l’organisation s’est vue obligée d’ôter du projet 70% des inscrits ne respectant pas les conditions de participation. C’était une nécessité, car il n’y a rien de pire dans une équipe qu’une partie décuplant son énergie et l’autre la regardant.
Quelques raisons peuvent expliquer cela :
- Manque de temps. Entre la volonté et la réalité, il peut y avoir un gouffre. Il faut se préparer, s’obliger à dédier régulièrement des séances pour le projet.
- Sous-estimation de soi. Des participants doués peuvent générer une sensation de ne pas être au niveau pour d’autres membres de l’équipe.
- Certains préfèrent le sérieux, d’autres la bonne ambiance pour travailler. C’est comme ça. Toutes les personnalités ne sont pas forcément mixables.
- Intérêt de l’histoire. L’équipe a discuté sur le thème de l’histoire avant toute écriture. Certains ont abandonné avant même d’avoir rédigé quelques mots, ne se voyant pas dans l’aventure, d’autres plus tard. L’histoire générale peut bien et doit bien être partagée en amont mais l’écriture a cette magie qu’elle la fait parfois dévier sur un autre thème. Et ça ne correspond plus à tout le monde.
Le premier enseignement sur le succès de l’écriture collaborative. Bien construire son équipe en fonction des personnalités de chacun et partager le même objectif en n’hésitant pas à fixer des règles. Cela peut paraître anodin, mais il ne faut pas écrire un mot tant que la cohésion n’est pas parfaite, même si cela doit durer un mois pour mettre les fondations en place.