in

Ubérisation et emplois : où en sommes-nous ?


L’ubérisation est un néologisme utilisé pour désigner une activité nouvelle liée à l’économie digitale qui menace et remet en cause un modèle d’activité économique traditionnel. On l’a appelé « ubérisation » par analogie avec les deux modèles Uber qui ont remis en cause l’activité des taxis traditionnels.

On peut également parler d’ubérisation dans le cas de Blablacar pour la SNCF, de Leboncoin face à Pôle Emploi ou encore d’AirBnb face aux hôtels.

Suite au conflit ayant opposé UberPop et les Taxis, la France a interdit l’activité commerciale de transport de personnes à l’aide d’un véhicule personnel pour les chauffeurs non-professionnels. En réalité, la France a interdit l’activité d’UberPop. L’Allemagne aussi réglemente l’économie de partage voire l’interdit. Berlin a, par exemple, interdit aux propriétaires de louer plus d’une pièce de leur appartement sans autorisation sous peine d’amende. En réalité, Berlin a interdit l’activité d’AirBnb et de ses concurrents.

Si ces illustrations montrent une réglementation voire une interdiction de l’ubérisation, la Commission Européenne est en faveur de cette économie de partage qui crée des emplois et amplifie la concurrence. Alors qui a raison ? L’ubérisation est-elle créatrice ou destructrice d’emplois ?

L’ubérisation, une économie de partage, créatrice d’emplois

D’après Vincent Champain, le président de l’Observatoire du Long Terme, le digital créera de nouveaux emplois. Son observation est confirmée par une étude LegalStart et par les chiffres des greffes des tribunaux de commerce.

D’après l’étude LegalStart, les créations d’entreprises de voiture de transport avec chauffeurs (VTC) ont explosé en Ile-de-France et plus particulièrement en Seine-Saint-Denis. Cette création d’emplois s’explique notamment par l’attrait de l’ubérisation dans les banlieues. Pour des personnes sans emploi, l’ubérisation des transports est une chance de trouver un travail. L’activité VTC est devenue le deuxième secteur de création d’entreprises en Ile-de-France avec 11% de création nationale d’entreprises en 2015. Elle est devenue la seconde activité créatrice d’emplois et d’entreprises en Ile-de-France.

Les chiffres des greffes du tribunal de commerce viennent confirmer l’étude. En 2015, 3439 entreprises de transport de voyageurs par taxi ont été créées en France dont 2670 en Ile-de-France.

L’ubérisation est donc créatrice d’emplois et offre de nombreuses opportunités notamment pour les emplois peu qualifiés.

Quelles sont les menaces de l’économie de partage ?

L’ubérisation ne touche pas tous les types d’emplois. Les seuls à être concernés sont les emplois d’interaction comme chauffeurs. Ce qui d’après l’Observatoire du Long Terme ne représente que 14% des emplois à long terme.

Les menaces de l’économie de partage sont l’apparition d’une activité commerciale qui crée une offre moins chère et plus dense. La fourniture d’un service ou d’un bien en dehors du cadre régulé (AirBnB, Uberpop…) menace directement les entreprises établies et leurs salariés.

L’économie de partage peut être destructrice d’emplois car elle supprime les intermédiaires. La plateforme de médiation se substitue aux salariés qui prenaient les commandes, enregistraient les demandes…

Mais la principale menace de l’ubérisation, ce n’est pas la destruction de l’emploi. C’est sa précarisation car les indépendants de cette nouvelle économie ne sont pas couverts par le modèle salarial français (protection sociale, salaire minimum…) Tout le débat sur la loi Travail ne concerne donc pas les travailleurs : l’ubérisation ne leur offrant pas la protection légale minimum.

Donc pour y voir plus clair : l’ubérisation est créatrice d’emplois car la fluidité de l’offre entraine une fluidité de la demande qui elle-même encourage une croissance de la demande et de l’emploi. Si elle peut être destructrice, l’ubérisation a surtout comme défaut de ne pas offrir les mêmes droits sociaux que ceux des salariés.