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L 'élégance : comment être coquette sous l 'Occupation, 1940-1945

Sylvie Caillard signe un beau livre aux Editions Histoire et Collections : une approche exhaustive de la mode féminine en France sous l’occupation allemande de 1940 à 1945, aboutissement de 10 années de recherches dans des collections privées, dans des magazines de l’époque, des vide-greniers, des dépôts-ventes et sur Internet. C’est l’œuvre d’une passionnée d’histoire, collectionneuse d’objets et de vêtements civils datant de la Seconde guerre mondiale, qui explore tous les éléments du vêtement féminin au fil de 16 chapitres et de 500 photographies. Nous y découvrons chaque pièce de la garde-robe, mais aussi une multitude d'accessoires de mode, tout le nécessaire pour une mise en beauté et enfin l'art capillaire de l'époque.

L 'élégance : comment être coquette sous l 'Occupation, 1940-1945

  • 1940s Fashion: The Definitive Sourcebook
  • 1940s Fashions Vintage Ephemera Paper Dolls: Glossy Paper For Junk Journaling, Scrapbooking, and Papercraft Projects

Souci du détail

Bel exemple de la précision du travail de Sylvie Caillard, le premier chapitre, soit 32 pages, inventorie tous les types de robes en vogue. Ainsi robes de jour ou de flânerie, robes de ville, robes de travail, robes de cocktail, robes de bal ou robes du soir, sont-elles toutes présentées méticuleusement, de face et de dos, agrémentées d’un gros plan sur un détail, détail de fronces ou de passementerie, détail de col ou de boutonnage. Tabliers et blouses des travailleuses ne sont pas oubliés !

Le texte qui accompagne les planches nous donne une quantité d’informations précieuses sur les codes vestimentaires en vigueur, hauteur des jupes, règles de pudeur, sur les matières utilisées, drap de laine, toile de laine, taffetas, viscose épaisse, crêpe ou coton. Chaque modèle est décrit dans le détail, avec le vocabulaire précis des couturières .

Il en est de même pour les six chapitres suivants consacrés aux tricots, aux blouses, aux vestes, aux tailleurs, aux manteaux, qui dressent un vaste panorama, extrêmement riche et documenté, de la mode des années noires.

  • Gertie Sews Vintage Casual: A Modern Guide to Sportswear Styles of the 1940s and 1950s
  • 1940s Fashions Vintage Ephemera Paper Dolls: Matte Paper For Junk Journaling, Scrapbooking, and Papercraft Projects

Une époque de restrictions propice au système D

Ce qui fait aussi l’intérêt de ce livre c’est qu’il est bien ancré dans la réalité quotidienne de l’époque, clairement rappelée dans l’introduction : «A partir du 18 juillet 1941, le gouvernement de Vichy met en place un système de tickets dits de rationnement pour les choses de la vie quotidienne. La mode, face aux contraintes de la guerre, s’adapte ! ». Sylvie Caillard souligne tout au long du livre, l’inventivité, l’ingéniosité des femmes pour rester élégantes et dignes en ces temps difficiles : bons conseils pour transformer une blouse ou une robe, pour garnir un corsage de passementerie ou de rubans, pour détacher un vêtement ou pour garder des chaussures blanches. Récupération, astuces, utilisation de nouvelles matières, tout est mis en oeuvre pour lutter contre la pénurie et la souffrance ambiante.

Accessoires et mise en beauté

Les chapitres consacrés aux accessoires seront une manne pour les collectionneurs, les costumiers de théâtre ou de cinéma en quête de documentation historique et pour les stylistes curieux du passé ou en panne d’inspiration.
Tous les accessoires, chapeaux, sacs, gants, chaussures, bijoux, sont passés en revue avec un soin exceptionnel dans une succession de planches fournies et détaillées. Les photos sont émouvantes, les dessins désuets et charmants, la richesse de l’imagination et de la créativité sans limite. Belle leçon d’art et de vie !
La mise en page est réussie, la profusion iconographique n’est jamais étouffante, au contraire elle sert admirablement l’enjeu de l’ouvrage et lui confère une authenticité, une force évocatrice très attachante.

Le livre se conclut sur l’art de la mise en beauté et de la coiffure en insistant sur la pénurie de rouges à lèvres, fonds de teint, shampoings et teintures, en même temps que sur la qualité souvent médiocre de ces produits que les coquettes utilisaient néanmoins... il fallait « garder la tête haute ».

Patriotisme

Sylvie Caillard consacre un chapitre au patriotisme, perceptible dans le V de la Victoire des cols du même nom, V brodé sur des mouchoirs ou peint sur des boutons, patriotisme discret par crainte des représailles. C'est seulement à la Libération que les couleurs nationales pourront s'afficher sur les robes, les bijoux, les espadrilles et toutes sortes de colifichets. Elle décrit, sans analyser et on peut le regretter.
En refermant ce beau livre, on ne peut s'empêcher de penser que cette application, cette volonté des femmes françaises à rester jolies et élégantes en dépit des souffrances liées au conflit intérieur et mondial, pourrait être aussi l’expression symbolique d’une résistance à l'Occupant, à la guerre, donc d’un patriotisme en action et surtout l'expression toute simple d'un formidable instinct de vie !

L'élégance. Comment être coquette sous l'Occupation, 1940-1945
de Sylvie CAILLARD
Collection "Vivre l'histoire"
Editions Histoire et Collections
Le site des Editions Histoire et Collections

  • Recherche approfondie : Sylvie Caillard a mené des recherches pendant 10 ans pour documenter la mode féminine sous l'Occupation allemande de 1940 à 1945.
  • Détails méticuleux : Le livre explore en profondeur chaque élément du vêtement féminin, des tricots aux manteaux, et met en lumière l'ingéniosité des femmes pour rester élégantes malgré les restrictions.
  • Accessoires et mise en beauté : Les accessoires, tels que chapeaux, sacs, gants et bijoux, sont présentés avec précision dans une abondance d'images détaillées. Le livre se termine sur l'art de la mise en beauté et de la coiffure pendant cette période difficile.
  • Patriotisme discret : Un chapitre est consacré au patriotisme discret des femmes françaises pendant l'Occupation, exprimé à travers des symboles comme le V de la Victoire.

Agnès Krief

Passionnée de cinéma, curieuse de tout.