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Critique the french dispatch : wes anderson règlerait-il ses comptes avec la france ?

L’annulation du Festival de Cannes 2020, pour cause de Covid 19, avait retardé la sortie de "The French Dispatch" d’un an. Nous étions donc impatients de voir, enfin, après sa présentation au Festival de Cannes 2021, la dernière réalisation du francophile Wes Anderson et impatients aussi de voir un film tourné à Angoulême, avec quelques acteurs français parmi une très prestigieuse distribution internationale.

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The French Dispatch est une série de petites histoires sans lien entre elles

Après l'éblouissant Grand Budapest Hotel et l'étonnant L’île aux chiens, Wes Anderson nous emmène dans les années 60, à Ennui-sur-Blazé, une petite ville de province française.

A la mort d'Arthur Howitzer, un américain exilé en France, fondateur de la revue The French Dispatch, l’équipe des journalistes, des américains exilés eux aussi, décide de lui rendre hommage dans une ultime édition, en publiant les trois meilleurs articles déjà parus dans le magazine.

Une première histoire/article nous raconte comment un prisonnier devient un artiste-peintre renommé, grâce à sa belle geôlière et à un marchand d’art peu scrupuleux.

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Critique the french dispatch : wes anderson règlerait-il ses comptes avec la france ? #2

La seconde nous propulse dans le milieu étudiant pendant les turbulences de Mai 1968.

Enfin la troisième relate les tribulations d’un Commissaire de police-gastronome, à la recherche de son fils qui a été kidnappé.

Une mise en scène spectaculaire

Dès les premières images nous entrons dans un décor qui reconstitue avec méticulosité une petite ville aux fins fonds de la France, la concierge balaie devant sa porte, un vélo passe, une camionnette le suit.
Le réalisateur perfectionniste soigne le moindre détail et chaque plan est un superbe tableau, admirablement cadré, minutieusement travaillé, dans une palette de jaune, ocre, brun, couleurs d'un monde sépia révolu, pimenté, ça et là, de bleu turquoise et de rouge. C’est beau, nostalgique à souhait.

L’insertion de séquences en noir et blanc, d'images animées qui rappellent les BD d’Hergé, dynamisent l'ensemble, très agréable à regarder.

Critique the french dispatch : wes anderson règlerait-il ses comptes avec la france ? #3

Une distribution prestigieuse

Bill Murray incarne le rédacteur en chef, Benicio del Toro le prisonnier, Léa Seydoux la belle geôlière, Adrien Brody le marchand d’art, Thimothée Chalamet et Lyna Khoudri, les étudiants révolutionnaires, Mathieu Amalric le Commissaire de la police municipale.

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Citons encore Frances McDormand, Tilda Swinton, Owen Wilson, Angelica Huston, Guillaume Galienne, Edward Norton et bien d’autres qu’on s’amuse à reconnaître sous le costume et le maquillage. Certains ne sont là que pour une réplique, d’autres font de la figuration … tous ont pris manifestement un plaisir jubilatoire à participer à l’aventure.

Ils sont parfaits ! Mais …

The French Dispatch est une double déception

Malgré une mise en scène talentueuse et dynamique, malgré un art de l’image cinématographique abouti, malgré des décors superbement reconstitués, malgré une distribution exceptionnelle et un jeu des acteurs parfaitement adapté au sujet, on ne parvient pas à se captiver pour ces histoires, parfois un peu confuses et on finit par s’ennuyer. Cet édifice si parfaitement construit ne suffit pas à faire un bon film.

Et puis que penser de la séquence d’exposition sensée se dérouler à Ennui-sur-Blasé, qui évoque plutôt un Paris de carton pâte, envahi par les rats, embouteillé, bruyant, peu accueillant.

Le pauvre Owen Olsen, avec son béret basque d’avant guerre, finit d’ailleurs dans un accident de la circulation !

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Que penser aussi du nom ridicule et méchant attribué à cette ville française imaginaire "Ennui-sur-Blasé" ?

Que penser de l’Art français, objet de spéculations douteuses et de conférences verbeuses, immortalisé par une brute emprisonnée pour assassinat, Moses Rosenthaler ? On remarquera d'ailleurs encore un patronyme connoté, curieusement choisi...

Que penser des affrontements de Mai 68 orchestrés par des joueurs d’échec ?

Que penser du Commissaire de la police municipale qui oublie le rapt de son fils et se met à table pour un bon gueuleton "à la française", suite sans fin de plats contenus et aux noms compliqués ? Un Commissaire aux faux airs de Louis Jouvet qui rappelle avec sa moustache et sa dégaine davantage les français collabos sous l’Occupation allemande que les français des années 70.

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Que penser du grand Chef de sa cuisine, le Lieutenant Nescaffier, dont le nom ridiculise Escoffier le roi des cuisiniers français, ainsi associé à une marque de café soluble ?

On s'interroge au bout du compte, nous français, sans pour autant être chauvins, sur la "francophilie" de Wes Anderson qui écorche joyeusement la France dans une vision peu amène de sa province, de Paris, de ses Beaux-Arts, de sa politique, de sa Gastronomie.

Qu'en penseront les américains et les spectateurs d'autres pays du monde ?

La colossale mise en œuvre qui sonne creux est finalement décevante comme sont un peu tristes et décevantes aussi ces images d'une France ridicule et peu sympathique.

A quand la sortie du prochain film de Wes Anderson pour oublier celui-ci ?

  • The French Dispatch est une série de petites histoires sans lien entre elles
  • Une mise en scène spectaculaire avec des décors minutieusement travaillés dans une palette de couleurs sépia et animées qui rappellent les BD d’Hergé
  • Une distribution prestigieuse mais le film est une double déception car les histoires manquent d'intérêt et la vision de la France est peu flatteuse

Agnès Krief

Passionnée de cinéma, curieuse de tout.