Coup de théâtre sur coup de théâtre, fausses pistes et faux semblants, crimes sanguinolents, un meurtrier introuvable, humour et suspens savamment distillés : Tom George nous offre 1 h 38 de pur plaisir !
L’intrigue
L’action se déroule en 1953 dans le West-End, quartier des théâtres à Londres. Alors que la pièce d’Agatha Christie, "La souricière", va fêter sa centième représentation, le cadavre de Léo Kopernick (Adrien Brody), un réalisateur hollywoodien qui s’apprêtait à signer l’adaptation cinématographique de la pièce, gît assassiné, dans l’atelier des costumes.
Stoppard (Sam Rockwell), un inspecteur chevronné, désabusé, peu bavard et l’agent Stalker (Saoirse Ronan), une jeune recrue énergique et audacieuse, sont chargés de l’enquête.
Le monde du théâtre, scintillant et âpre à la fois, peuplé de cabotins égocentriques et sans scrupules, leur réserve bien des surprises, mouvementées et dangereuses, avant la découverte du coupable.
Bande annonce Coup de Théâtre
Une belle réalisation
Servie par une remarquable distribution, dans les rôles principaux, Sam Rockwell, Saoirse Ronan et Adrien Brody, comme dans les seconds rôles, Ruth Wilson, Reece Shearsmith, Harris Dickinson, Charlie Cooper etc… la réalisation de Tom George maintient le spectateur en haleine de bout en bout du film, sans aucun temps mort.
Les vues en plongée perpendiculaire, pour amplifier le suspens, savamment entretenu par ailleurs, les split screen récurrents, véritables puzzles géants pointant tous les suspects potentiels et peut-être l’assassin, les décors, la musique, le choix de couleurs sourdes, sépia, recréent un univers de polar d’après-guerre au charme désuet.
Un charme désuet mais tonique, généreusement pimenté de péripéties, de coups de théâtre en séries, si habilement orchestrés et rythmés, que le surdosage, drôle, en devient exquis.
Le sujet du film est finalement classique : des meurtres et deux enquêteurs à la recherche de l’assassin Cependant, la réalisation de Tom George fine, pleine d’humour, légère mais rigoureusement construite et originale, stimule notre intérêt, aiguise notre curiosité à chaque étape de l’enquête, dans l’impatience d’en connaître le dénouement !
Un plaisir jouissif
Le décor du film est une scène de théâtre, nous sommes donc embarqués avec des personnages, des comédiens qui jouent constamment un rôle et les apparences sont souvent trompeuses. On ne sait plus parfois si on est dans la fiction de la pièce de théâtre ou dans la réalité du film et de l’enquête.
L’utilisation du split screen est judicieuse. Comme Stoppard et Stalker, on voudrait bien assembler les pièces du puzzle, mais on n’y parvient pas et on se perd dans les sinuosités de l’action, c’est amusant et jouissif.
Tous les protagonistes jouent un double jeu, même les enquêteurs.
Stoppard est désenchanté, alcoolique, Stalker est ambitieuse, acharnée au travail. Tous deux ont un passé douloureux qui impacte leur présent difficile, qu’on surprendra dans des séquences émouvantes et inattendues qui nous ramènent habilement à la réalité.
Tom George a réuni tous les ingrédients d’un bon film pour nous faire passer un excellent moment. On sort de la projection ravi, avec en tête la dernière réplique de la pièce de théâtre et donc celle du film, en écho :
« Chers spectateurs, complices du crime, merci d’être venus et de ne pas révéler l’identité du meurtrier... »
- Intrigue : Meurtre d'un réalisateur hollywoodien dans un théâtre de Londres
- Réalisation : Suspens intense, distribution remarquable, univers de polar désuet mais captivant
- Plaisir jouissif : Jeu sur les apparences et les faux-semblants, enquête divertissante et émouvante