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Critique detroit (2017) de kathryn bigelow

  • Kathryn Bigelow réalisatrice engagée avec ses films précédents Démineurs et Zero Dark Thirty
  • Detroit relate les émeutes de 1967 à Detroit, mettant en lumière des actes abominables commis par la police
  • Réalisme et authenticité dans le film, personnages forts et scènes intenses au cœur de l'Algiers Motel
  • Detroit est un drame puissant qui mérite d'être vu au cinéma, marquant l'année cinématographique

Kathryn Bigelow est une réalisatrice Américaine engagée, avec ses deux précédents films, Démineurs et Zero Dark Thirty.
Démineurs suivait une équipe de déminage pendant la guerre en Irak et Zero Dark Thirty retraçait la longue traque de Ben Laden par la CIA. Ces deux films ont d'ailleurs fait le buzz à leurs sorties.

Kathryn Rigelow reine d'Hollywood

Elle est aussi la première dame à remporter la tant convoitée statuette du meilleur réalisateur et du meilleur film durant la cérémonie des Oscars en mars 2010 avec son film Démineurs.

N'oublions pas non plus certaines de ses œuvres cultes comme K-19: Le Piège des profondeurs, Point Break son film le plus connu et mon petit préféré Strange Days, l'un des must de la science-fiction des années 90.

Détroit : un contexte historique particulier

Après une longue pause de plusieurs années, Bigelow nous revient en 2017 avec un nouveau film intitulé Detroit qui relate les émeutes survenues à Détroit durant l'été 1967.

Durant 5 jours la ville va connaître des débordements de violence.

L’élément déclencheur est un raid de la police dans un bar clandestin où la population afro-américaine est prise pour cible.
S'ensuivent inévitablement de multiples altercations entre les autorités et le peuple afro-américain, le président déclarant même que la ville est en insurrection et demandant alors l'intervention de l'armée pour régler le problème.

La réalisatrice s'intéresse ici plus particulièrement à un événement spécifique, la fameuse nuit dans l'Algiers Motel où les policiers bafouant toutes les procédures commettent des actes abominables, allant même jusqu'au meurtre de sang froid.

Réalisme et authenticité

Le film commence de manière originale, avec une petite introduction en animation qui résume les ségrégations subies par les Noirs américains. Une approche originale autre que ces images d’archives que l'on voit de manière trop récurrente, quand il s'agit d'une histoire inspirée de faits réels.

Dès les premières minutes de visionnage, un premier constat s'impose : le parfum de réalisme du film colle parfaitement au sujet avec beaucoup de caméra à l'épaule et de plans serrés sur les corps des personnages, ce qui donne un aspect quasi documentaire au long-métrage.

D'ailleurs, les personnages sont vraiment l'un des points forts du film, et les présenter chacun dès le début permet, chez le spectateur, une identification immédiate.

Il y a du Spike Lee de la grande époque dans le Detroit de Bigelow, l'artiste engagé que l'on a connu dans Do the Right Thing, Malcolm X et Jungle Fever.

Comme quoi pas besoin d'être afro-américaine pour avoir de la légitimité sur un sujet traitant de la ségrégation raciale, il suffit de trouver la bonne mesure en évitant les stéréotypes (maladresse dans l'écriture, personnages caricaturaux, musiques omniprésentes).

La partie la plus intéressante de Detroit reste le segment du milieu, celui qui se concentre sur l'Algiers Motel ou les différents protagonistes subissent les tortures physiques et psychologiques des autorités policières.

Impossible de rester de marbre devant ces séquences en huis-clos qui nous offrent de "bons" moments de tension : un climat anxiogène s'immisce dans notre esprit qui s'apaisera seulement dans le dernier segment du film.

La dernière partie du film est un peu plus faible en terme d'intensité dramatique. Les scènes d'interrogatoire fonctionnent, mais moins les séquences de procès qui enfoncent un peu trop le sujet dans le didactisme.

Quant au casting dans l'ensemble il ne regorge pas de noms clinquants, mais ce n'est pas un défaut, bien au contraire, car il permet de nous convaincre de l'authenticité des personnages.

Même si des acteurs comme John Boyega que le grand public à découvert grâce à son rôle de Finn dans Star Wars: le Réveil de la Force, ou Hannay Murray dans des séries TV comme Game of Thrones ou Skins ou Will Poulter dans The Revenant et Le Labyrinthe, font figure d'interprètes prometteurs.

Chaque acteur incarne son personnage avec application et l'on ne dénote aucun point faible de ce côté là.

Bande annonce Detroit

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Avis Detroit : le tour de force de Kathryn Bigelow

Au final, Detroit est un drame puissant qui s’appuie sur une mise en scène nerveuse et un casting solide.

Il s'avère nécessaire de le découvrir au cinéma à sa sortie le 11 octobre prochain, car comme chaque film de Kathryn Bigelow, il marquera de son empreinte l'année cinématographique.

La durée du film pourrait en rebuter certains, mais on ne voit vraiment pas les 2h30 passer, tant on est happés et transportés par ce qui se déroule sous nos yeux, oeuvre choc et film coup de poing qui ne recule devant rien, dans la droite lignée, je le rappelle, de ses Démineurs et Zero Dark Thirty.

NOTE: 7/10 (TRÈS BIEN)