in ,

Critique : La fille au bracelet, un film de Stéphane Demoustier


Sortie nationale le 12 février 2020.

Critique : La fille au bracelet, un film de Stéphane Demoustier

Un cas de conscience

"La fille au bracelet" est une adaptation du film argentin "Acusada", lui-même inspiré sur un fait divers. Lise, une jeune fille de 18 ans est accusée d’avoir assassiné sa meilleure amie. Dans l’attente de son procès, auquel on assistera, libre mais placée sous surveillance, elle porte un bracelet électronique.
Toute la stratégie du film repose sur la question de la culpabilité de Lise : est-elle une manipulatrice ou une victime, est-elle coupable ou innocente ?

Critique : La fille au bracelet, un film de Stéphane Demoustier #2

Le réalisateur multiplie les points de vues  pour tenter de cerner la personnalité fuyante de l’accusée. Il place ainsi les spectateurs au rang des jurés, en mesure de forger leur propre jugement, de la condamner ou de l'acquitter, quel que soit le verdict de la cour d’assises.

Des acteurs convaincants

Mélissa Giers, dont c’est le premier rôle au cinéma, incarne un personnage complexe et ambigu, dans un registre difficile qu’elle maitrise parfaitement. Peu loquace, le regard  vide, le visage impassible, vindicative ou perdue, elle nous déconcerte quand elle bascule sans retenue dans une détresse paroxystique bouleversante. Tour à tour adolescente ou femme, elle parvient à charger l’image de sa présence mystérieuse, parfois inquiétante, avec un indéniable talent.
Quant à Roschdy Zem et à Chiara Mastroianni, ils campent des parents en pleine confusion, aimants et protecteurs, mais incrédules et décontenancés face à leur fille qu’ils ne reconnaissent pas. Leur jeu, tout en pudeur et retenue, rend palpable la tension dramatique du scénario.

Critique : La fille au bracelet, un film de Stéphane Demoustier #3

Enfin, la joute oratoire entre l’avocate générale, Anaïs Demoustier, la sœur du réalisateur, et l’avocate de Lise, Annie mercier, est jouissive. La première, jeune et jolie, presque délicate, démontre avec une fougue vibrante et une détermination farouche, la culpabilité de l’accusée. La seconde, avec l'aisance de la maturité, de l'expérience et une détermination non moins affirmée, démontre d'une voix rauque, forte et tranquille, l’innocence de sa cliente.

Laquelle convaincra la cour et les jurés ?

Critique : La fille au bracelet, un film de Stéphane Demoustier #4

Une mise en scène intelligente et efficace

Ce qui frappe dans « la fille au bracelet », c’est la sobriété de l’image,  rien d’inutile dans le cadrage, tout a du sens, qu’il s’agisse de montrer en quelques plans la différence sociale entre Lise et Flora, la victime, de capter la rupture générationnelle entre les enfants et leurs parents ou de ménager jusqu’au bout le suspens.
Avec une grande efficacité, Stéphane Demoustier donne à voir le réel qui entoure ses personnages, sa démarche est presque documentaire. Les séquences du procès sont à ce titre exemplaires

Critique : La fille au bracelet, un film de Stéphane Demoustier #5

Par ailleurs, on appréciera la superbe scène d’exposition : sans dialogue, les mots sont inutiles, la caméra filme de loin une famille en vacances, l’arrivée des gendarmes rompt la sérénité du lieu et le film bascule avec brutalité au cœur de son sujet . C’est réussi !
La scène qui clôture le film est tout aussi captivante, ici en plan très rapproché sur Lise, il atteint « un point culminant du principe d’interprétation », comme le dit si justement le réalisateur dans une interview … et c’est un vrai plaisir cinéphilique.

Bande annonce La fille au bracelet

Photos autorisées par la production