Inaugurée en 2020, la nouvelle mezzanine de la gare de Nantes se voulait un modèle d’architecture durable, adaptée aux conditions climatiques de demain. Mais face à la vague de chaleur exceptionnelle de ces derniers jours, le bâtiment a révélé de lourdes failles. Mardi, la SNCF a dû fermer temporairement la mezzanine vitrée, transformée en véritable fournaise, suscitant incompréhension et colère.
La verrière conçue pour « résister à la chaleur » est une bouilloire thermique
Cette extension de la gare, imaginée par l’architecte Rudy Ricciotti, avait été saluée à son ouverture pour son design moderne et ses larges baies vitrées inondant l’espace de lumière. Le projet, chiffré à environ 37,5 millions d’euros, promettait des performances bioclimatiques de haut niveau : des vitrages traités, des protections solaires, et une circulation d’air censée limiter la surchauffe. Pourtant, sous l’effet d’une canicule record, la structure n’a pas tenu ses promesses.
Selon la SNCF, la température sous la verrière a rapidement dépassé les 42 °C, rendant l’espace dangereux pour les voyageurs comme pour le personnel. « Nous avons préféré fermer la mezzanine par mesure de sécurité », a indiqué un porte-parole de l’entreprise.
37 millions d'euros d'investissement public jeté à la poubelle ?
Ce coup de chaud fait désordre pour un équipement présenté comme un modèle d’adaptation climatique. Plusieurs élus locaux dénoncent une faute de conception : « Comment peut-on inaugurer en 2020 une gare qui ne supporte pas 40 °C ? », s’interroge Simon Cîteau, élu écologiste à Nantes. Pour lui, il s’agit d’un symbole d’aveuglement : « On nous parle de transition écologique, mais on construit encore des verrières inadaptées au réchauffement. »
Les critiques visent aussi l’absence de plan d’urgence suffisamment robuste. Les services de la gare ont dû improviser l’installation de ventilateurs mobiles et orienter le flux de voyageurs vers les galeries souterraines, plus fraîches, entraînant des embouteillages et un malaise général.
❌🚄 ENQUÊTE #JT20h : la gare de Nantes fermée à cause de la canicule, un fiasco à 37,5 millions d’euros ?
Inaugurée en 2020 et conçue pour résister à la chaleur, sa structure n’a pas supporté les températures extrêmes. #Oeildu20h pic.twitter.com/JqeawQbLoF
— Le20h-France Télévisions (@le20hfrancetele) July 2, 2025
La canicule qui a frappé l’Ouest ces derniers jours n’a pourtant rien de totalement imprévu. Météo-France avait placé 84 départements en vigilance orange, et plusieurs villes ont battu des records de température. Avec un climat qui évolue, ces épisodes extrêmes vont devenir plus fréquents, rappellent les experts.
En d’autres termes, il est aujourd’hui difficilement acceptable qu’un projet public aussi récent ne soit pas capable de faire face à ces conditions. « On ne parle pas d’un bâtiment du XIXe siècle, mais d’une gare mise en service en 2020 », souligne un usager, excédé, interrogé par France Télévisions.
Et maintenant quelles solutions ?
Face à la polémique, la SNCF assure réfléchir à des améliorations. L’ajout de protections solaires mobiles, de brumisateurs, ou même la climatisation partielle pourraient être étudiés. Mais ces solutions risquent d’alourdir encore la facture d’un projet déjà chiffré à plusieurs dizaines de millions d’euros.
Plus largement, ce fiasco interroge sur la capacité de l’urbanisme français à anticiper le choc climatique.
De plus en plus de bâtiments vitrés, pourtant séduisants sur le plan esthétique, peinent à garantir un confort thermique en cas de températures extrêmes.
La réouverture de la mezzanine est intervenue en fin d’après-midi, après la baisse des températures, mais la question reste entière : comment adapter nos gares, nos écoles, nos hôpitaux à un climat qui ne cessera de battre des records ? L’échec de la verrière de Nantes montre qu’il ne suffira pas d’afficher des labels environnementaux pour y parvenir. La résilience, désormais, doit être testée en conditions extrêmes et non plus seulement sur le papier par des bureaucrates.

