Inspiré du roman autobiographique de Sylvain Tesson, le film de Safy Nebbou "Dans les forêts de Sibérie" nous entraîne dans un voyage initiatique en Russie orientale, au sud de la Sibérie.
Teddy, chef de projet multimédia, ce qu’on apprend dans une séquence à l’humour complètement décalé, lassé d’une existence dont il a mesuré la vacuité, décide de se retirer dans la solitude et le silence d’une cabane ascétique, au bord du lac Baïkal. Au cours d’un hiver terrible, confronté à une nature hostile à laquelle il est peu préparé, sa rencontre avec Aleksei le conduira à lui-même par le chemin d’une amitié aussi inattendue, qu’immédiate et forte.
Une histoire simple, mais pas banale, magnifiée par un décor époustouflant, par une mise en scène alerte et fluide et par le jeu de Raphaël Personaz qui a su trouver le ton juste dans l’évolution progressive du personnage qu’il incarne, vers sa liberté conquise.
Le paysage est si beau que Safy Nebbou veut en capter la moindre parcelle, tempête de neige, stalactites de glace, transparence de l’air, nuages menaçants, taïga subarctique, falaises abruptes et déchiquetées, l’image est puissante, fascinante, la palette des couleurs du bleu au blanc, du blanc au gris, somptueuse et profonde.
Il a su filmer le lac Baïkal, autre "personnage" du film qui sépare Teddy du reste du monde : surface solide, à l’étonnant graphisme fait de lignes et de taches de glace, surface dangereuse qui engloutit à jamais, surface généreuse qui donne l’eau bienfaitrice et les poissons nourriciers. Le lac qui finira par fondre au printemps, métamorphose de la nature et du cœur de l’homme apaisé.
Teddy et Aleksei communiquent chacun dans leur langue, l’un ne sait que quelques mots en russes, l’autre comprend il le français? Peu importe … l’échange se fait autrement, il n’en est que plus vrai. Le personnage d’Aleksei n’existe pas dans le roman, il appartient néanmoins à une nouvelle de Sylvain Tesson. Beau personnage, bien campé par Evgueni Sidikhine qui lui prête son visage sombre et grave et dont la force imposante d’homme des bois fatigué mais pas vaincu, enveloppe Teddy, le porte et le conduit.
La musique d’Ibrahim Maalouf est peut-être trop lyrique pour cet univers impitoyable, dont aucun homme ne peut sortir indemne, qu'il soit détruit ou sauvé.
Mais ne boudons pas notre plaisir, l’aventure vaut le voyage … et le film le détour !
- Voyage initiatique en Russie orientale : Teddy se retire dans une cabane au bord du lac Baïkal et fait une rencontre inattendue.
- Décor époustouflant : Le paysage sibérien magnifié par la mise en scène alerte et le jeu de l'acteur principal.
- Lac Baïkal : Un "personnage" du film qui symbolise la séparation de Teddy avec le reste du monde et sa métamorphose.
- Communication sans barrière linguistique : Malgré la différence de langue, Teddy et Aleksei trouvent un moyen de se comprendre.