Neuf ans après un cambriolage retentissant en plein cœur de la capitale française, le procès des auteurs présumés du braquage de Kim Kardashian s’est ouvert devant la cour d’assises de Paris. Dix prévenus, dont plusieurs septuagénaires, sont appelés à répondre de faits de séquestration et de vol à main armée, survenus dans la nuit du 2 au 3 octobre 2016.
Ce soir-là, la star de la téléréalité américaine séjournait dans une résidence de luxe, l’hôtel de Pourtalès, dans le 8e arrondissement. Présente à Paris pour assister à la Fashion Week, elle avait été agressée par un groupe d’hommes déguisés en policiers. Menacée avec une arme, ligotée, bâillonnée, puis enfermée dans une salle de bain, Kim Kardashian avait vu ses agresseurs repartir avec pour près de 9 millions d’euros de bijoux, dont une bague estimée à elle seule à 4 millions.
Le mode opératoire, minutieusement planifié, avait immédiatement attiré l’attention des enquêteurs. L’âge avancé de certains des suspects, surnommés depuis « les papys braqueurs », a contribué à renforcer le caractère atypique de cette affaire. Parmi eux, Yunice Abbas, aujourd’hui âgé de 70 ans, s’est illustré en publiant en 2021 un livre dans lequel il affirme avoir participé au vol. Il y décrit avec cynisme une opération qu’il considère presque comme « un coup d’éclat ». Plusieurs de ses coaccusés nient, eux, toute implication.
Une présence très attendue à la barre
Ce mardi 13 mai, Kim Kardashian est attendue en personne à Paris pour témoigner. Une apparition rare dans un prétoire français pour une figure internationale du divertissement. Selon son entourage, la fondatrice de la marque Skims souhaite affronter ses agresseurs « avec dignité ». Depuis les faits, elle a confié dans plusieurs interviews avoir souffert de stress post-traumatique, d’anxiété sévère et d’un changement radical dans son rapport à l’exposition médiatique. Elle s’est éloignée temporairement des réseaux sociaux, a renforcé sa sécurité, et a entamé des études de droit, motivée notamment par la volonté d’agir en faveur de la justice.
« Je pensais que j’allais mourir », avait-elle déclaré dans un entretien à la télévision américaine en 2017. « Je priais pour que cela se termine vite. Je ne savais pas si j’allais revoir mes enfants. » Son amie Simone Harouche, présente dans la résidence au moment des faits, a déjà témoigné, décrivant une scène de panique extrême.
Justice et vieillesse : un débat en filigrane
Au cœur du procès se pose une question singulière : comment juger des personnes âgées pour un crime aussi violent, sans céder ni à l’indulgence liée à l’âge ni à l’émotion liée à la célébrité de la victime ? Plusieurs des accusés souffrent de pathologies diverses. Leurs avocats invoquent des états de santé incompatibles avec une incarcération prolongée. Le ministère public, lui, insiste sur la gravité des faits et la nécessité de rendre justice de manière équitable, quelle que soit l’identité de la victime ou l’âge des coupables présumés.
Ce procès, qui devrait se conclure le 23 mai, mobilise une importante couverture médiatique, tant en France qu’à l’étranger. Près de 500 journalistes sont accrédités, preuve de l’écho international de l’affaire. Il ne s’agit pas seulement de juger un cambriolage spectaculaire. C’est aussi une manière pour la justice française de réaffirmer que nul n’est au-dessus – ni au-delà – des lois, quel que soit son parcours ou sa célébrité.
Une affaire symptomatique d’un tournant sécuritaire
Au-delà du fait divers, cette affaire a agi comme un électrochoc dans le monde du luxe et du show-business. Elle a mis en lumière la vulnérabilité des personnalités publiques face aux cambriolages ciblés et déclenché une vague de révisions des protocoles de sécurité dans les hôtels parisiens accueillant des célébrités. Plusieurs établissements ont depuis renforcé leurs mesures : contrôle accru des accès, surveillance 24 heures sur 24, et collaboration plus étroite avec la police parisienne.
En toile de fond, elle interroge aussi le rôle des réseaux sociaux, sur lesquels Kim Kardashian partageait en temps réel ses déplacements et ses bijoux. Une transparence devenue une faiblesse, exploitée par des malfaiteurs bien informés. Depuis, la star publie ses contenus avec un décalage temporel, une précaution adoptée également par d’autres figures médiatiques.
Le verdict attendu dans quelques jours viendra clore un chapitre judiciaire emblématique, mêlant criminalité organisée, célébrité mondiale et vieillissement des prévenus. Mais l’impact de cette nuit d’octobre 2016, lui, se mesure bien au-delà du prétoire parisien.
