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Critique : Aquarela, l’Odyssée de l’eau, un film de Victor Kossakovsky (2018)

  • Aquarela est un film de Victor Kossakovsky qui explore la beauté et la puissance de l'eau à travers le monde.
  • Le film offre un spectacle total avec des images impressionnantes de glace, mer calme et déchaînée, et Miami subissant les conséquences du dérèglement climatique.
  • La réalisation du film est exceptionnelle, tournée en 96 images par seconde pour une netteté et une beauté visuelle incomparables.

Critique : Aquarela, l’Odyssée de l’eau, un film de Victor Kossakovsky (2018)

L’Odyssée de l’eau en 5 actes

Le film s’ouvre sur un étonnant motif graphique vu de haut, c’est beau, mais qu’est-ce que c’est ? Revenue à l’horizontale, la caméra fixe une vaste étendue blanche où des hommes cherchent quelque chose sous une épaisse couche de glace. Elle se rompt parfois sous leur poids. Ils rient. On se demande ce qu’ils font. Sont-ils russes ? Les images sont majestueuses, tranquilles, jusqu’à ce qu’ils trouvent et que le spectateur comprenne enfin … sidéré  !

Ambivalence de l’image, somptueuse et tragique à la fois, ambivalence prégnante tout au long du film.

Critique : Aquarela, l’Odyssée de l’eau, un film de Victor Kossakovsky (2018) #2

Le voyage se poursuit aux quatre coins du monde, sans qu’on sache exactement où. Peu importe d’ailleurs, la beauté des lieux nous submerge au sens propre  !

De la débâcle, effondrement de la banquise dans un ballet monstrueux et fascinant, à la mer, calme, joyeuse, bleu saphir, livrée aux jeux des dauphins, puis noire, terrifiante, déchaînant sa puissance telle une géante en furie dans une tempête apocalyptique, le spectateur est ébloui, médusé, tendu …

L’homme, brindille fragile et  résistante à l’aune de la planète, Victor Kossakovsky le montre bien, est à l’origine d’un dérèglement dont Miami, seul endroit qu’on reconnaît facilement, subit les conséquences dévastatrices. Le périple se termine dans un lieu édénique, monumental tableau vivant, magique, époustouflant, de l’eau dans toute sa splendeur déployée.

Un spectacle total

Victor Kossakovsky nous offre avec Aquarela  un spectacle total, il joue avec l’eau  protéiforme : masses de glace monolithiques ou hérissées, dessins  géométriques du lac gelé, mouvements chorégraphiques de la mer, paisible ou démontée, miroitements sous la lumière, métamorphose des couleurs. On en prend plein les yeux … et les oreilles, car l’eau fait beaucoup de bruits différents  ! On retiendra celui cataclysmique dans le silence du désert blanc, des icebergs qui se détachent de la banquise et s’enfoncent dans la mer, c’est en même temps si beau et tellement effrayant.

Quant à la musique originale composée par Eicca Topinnen, fondateur du groupe finlandais de heavy metal, Apoclyptica, elle est troublante, lancinante et envoûtante, en osmose absolue avec l’image. Le son des violoncelles et l’image atteignent des degrés exceptionnels de saturation et c’est superbe.

Critique : Aquarela, l’Odyssée de l’eau, un film de Victor Kossakovsky (2018) #3

La réalisation

On se pose tout au long du film la question : comment a-t-il fait pour filmer ça ? La caméra prend tant de risques insensés, sous l’eau, sous la glace, dans la tempête, dans les airs .

Critique : Aquarela, l’Odyssée de l’eau, un film de Victor Kossakovsky (2018) #4

Par ailleurs, Victor Kossakovsky a tourné en 96 images par seconde, alors que les films sont habituellement tournés en 24 images par seconde. Il est l’inventeur de cette révolution technique : en augmentant la fréquence des images, il augmente la netteté et diminue les saccades de l’image en mouvement ... et l'image est étonnamment pure et belle.

Il faut absolument voir le résultat de toutes ces prouesses, 89 minutes intenses, magnétiques, éblouissantes, inoubliables.

Sortie nationale en France : le 5 février 2020

Photos autorisées par la production