Quatrième film de Christian Carion, « En mai fais ce qu’il te plait » est inspiré de ce que lui a raconté sa propre mère sur l’Exode, ce moment douloureux où, en mai et juin 1940, 8 millions de français ont fui, après l’invasion allemande des Pays-Bas, de la Belgique et du nord de la France. Fuite massive de près d’un quart de la population française, abandonnée par un gouvernement lamentablement absent.
Des histoires singulières, une histoire collective
Ainsi, les habitants d'un petit village chtimi, partent sur les routes de Picardie et emmènent avec eux un enfant allemand, dont le père opposant au régime nazi est emprisonné à Arras pour avoir menti sur sa nationalité. Libéré dans le chaos, il se lance à la recherche de son fils, accompagné par un officier écossais cherchant à regagner l'Angleterre…
Voyage initiatique pour chacun des protagonistes, pris dans la tourmente nationale tragique à laquelle ils seront confrontés malgré eux. Aucun ne sortira indemne de ce périple au bout duquel il faudra choisir son camp. Que deviendront-ils, résistants, collaborateurs ou indifférents ? Mais, çà, c’est une autre histoire !
Un western français sans manichéisme
Le convoi, fait de carrioles, de chevaux de traits, d’objets hétéroclites précipitamment entassés, de voitures et de vélos, symboles de cette époque de pénurie, traverse une campagne printanière éblouissante et féconde qui contraste avec la tragédie qui se joue : l’ennemi est bien là, Stukas et Panzers meurtriers attaquent impitoyablement.
Sans mélo ni manichéisme et c’est là une grande force du film, Christian Carion, nous offre un spectacle juste et émouvant, une palette de gens ordinaires pris dans la grande machinerie de la guerre. On y rencontre des français perdus, des femmes fortes, des allemands apeurés, des nazis abjects et triomphants mais aussi un allemand rebelle, de braves gens, des français profiteurs, un écossais élégant et courageux.
Un casting, une musique
Les acteurs ont su trouver un ton naturel et sobre qui rend bien compte d'une France rurale d’avant-guerre, aux valeurs laïques, républicaines, patriotiques qu’ils parviennent à rendre crédibles. Olivier Gourmet campe un Maire rustique, droit et chaleureux, Alice Izaaz une jeune institutrice qui grandit dans l’épreuve, Mathilde Seigner une femme rugueuse mais généreuse, Jacques Bonnafé, August Diehl, Laurent Gerra, Matthew Rhys (il occupe l’écran avec ferveur et légèreté à la fois), tous dessinent des figures emblématiques, jamais caricaturales.
La musique d’Ennio Morricone accompagne les images sans jamais les étouffer, elle en magnifie la dramaturgie.
« En mai fais ce qu’il te plait », est un joli film à voir en famille, les jeunes générations y découvriront un univers qu'ils connaissent peu ou pas du tout, un univers où le temps se dilate, où les images s'étirent dans la réalité d'un autre siècle, celle d'un monde complètement oublié qui nous livre une histoire vraie que les manuels d'histoire ne racontent pas.
Bande Annonce : En Mai fais ce qu'il te plait
Où voir le film